Sacrilège
Lumière douce, tamisée, chuchotement d'un ruisseau, reposante clairière, sur un moelleux tapis de mousse, je somnole.
Quelques herbes folles, bercées par le vent, effleurent mon visage.
Dans les buissons, des oiseaux murmurent:
" Noellia, Noellia, réveille toi ! "
L'un d'entre eux, plus déluré, tire une mèche de mes cheveux et répète :
" Réveille toi et écoute . Le vent nous a conté une bien triste histoire, dit un bouvreuil.
Sur le grand océan, loin d'ici, des ours blancs attendent la mort, sur des confettis de banquise, partant à la dérive. Des plages entières mazoutées, des oiseaux englués.
Dans une eau verte et mousseuse, saturée de pollution, des tonnes de poissons flottent, agonisants.
Les requins enrubannés dans les filets des pêcheurs, les as-tu vus ?
Ces tortues dévoreuses de sacs plastique, des continents de déchets tourbillonnants au gré des courants.
Bientôt, le rossignol ne chantera plus.
Egoïstes humains ! "
Honteuse, je baisse la tête.
L'oiseau, au plastron rouge de colère, reprend sa plaidoirie :
" Plus de miel doré, toutes nos graines tendres devenues poison.
Vous détruisez nos nids pour construire vos maisons."
Humble, pleurant sur le monde qui se meurt, je prends congé de mes juges, regagne ma demeure.
A la lueur d'une chandelle, assise près de la fenêtre, la lune pour compagne, j'aiguise ma plume et me fais leur messagère.
Noellia Lawren
Tous droits réservés